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Travailleurs de Côte d'Ivoire
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Interview / M. Joseph Ebagnerin (Sga de l’Ugtci)
“Il faut une revalorisation des salaires des travailleurs”

Vendredi 30 avril 2010
 

Les années passent et se ressemblent chez les travailleurs de Côte d’Ivoire. Depuis dix ans, les centrales syndicales déposent les mêmes cahiers de doléances auprès de Laurent Gbagbo, mais point de satisfaction des revendications. Dans cet entretien, le secrétaire général adjoint de l’Union Générale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI) Joseph Ebagnerin dénonce la cherté de la vie, la hausse des prix du carburant.

L.P. : Quelle est aujourd’hui la situation des travailleurs en Côte d’Ivoire ?

Joseph Ebagnerin : Elle n’est pas du tout reluisante. Surtout avec la situation de crise que nous vivons. Beaucoup de revendications restent encore en suspens.

L.P. : Quelles sont les doléances que l’UGTCI formulera, à l’occasion du 1er Mai, à l’endroit de Laurent Gbagbo ?

J. E. : Nous sommes en train de voir si nous devons ou non adresser un cahier de doléances au chef de l’Etat. A la vérité, chaque année nous présentons les mêmes cahiers de doléances, mais rien ne change. Le secrétaire général de l’Ugtci, François Adé Mensah, animé toujours de sagesse, a décidé de présenter encore un cahier de doléances au chef de l’Etat. La priorité majeure de l’UGTCI aujourd’hui, c’est la sortie de crise. Faire en sorte que tout le monde puisse respecter l’Accord politique de Ouagadougou (APO) afin d’aboutir aux élections. Et, en ce moment, ce qu’on avait souhaité trouvera solution. Dix ans de crise, c’est trop pour les Ivoiriens qui ont vécu une vie paisible et une relative prospérité pendant quarante ans. Une autre priorité, c’est la cherté de la vie. A cela s’ajoute la sécurité des biens et des personnes. Car, depuis le déclenchement de cette crise, il y a trop d’armes légères qui circulent dans le pays. Quoi qu’on dise, certaines résolutions n’ont pas été satisfaites. Elles feront l’objet d’une disposition particulière. Mais, il y a des problèmes qui sont urgents. Notamment le cas de la plantation de Tomboukro. Le ministère de l’Agriculture l’a cédé au District. Certaines personnes qui ne peuvent pas aller à la retraite parce qu’ils n’ont pas leur droit. D’autres ne peuvent plus travailler parce que leur âge est dépassé. Nous avons un autre dossier brûlant. Celui de la SICOGI et pour lequel le Conseil National de Travail (CNT) est interpellé. Une saisine a été faite, nous avons entrepris toutes les négociations pour que les travailleurs licenciés soient réintégrés. Si les travailleurs n’ont pas fauté, il n’y a pas de raison qu’ils soient licenciés. Que les patrons tuent en eux leur orgueil. L’exemple de Zadi Kessy (PCA) du groupe CIE- SODECI est édifiant. Il prend sur lui de licencier et de créer un organe de recours. Quand vous saisissez cet organe, s’il est prouvé que vous avez été abusivement licencié il prend une décision pour vous réintégrer. Que les patrons prennent un peu plus de la hauteur, car, c’est une entreprise et non chez nous. Il faut dire qu’à l’occasion de ce 1er Mai, nous adresserons une motion spéciale au Chef de l’Etat. Quoi qu’on dise, il reste le Premier magistrat de la Côte d’Ivoire.

L.P. : Où en sommes-nous avec la revalorisation du SMIG ?

J. E. : Sur le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), la Commission du cadre Permanent de Concertation a pu s’accorder sur un montant que nous avons tenu au secret pendant quelques temps.

L.P. : Lequel ?

J. E. : Même si on n’en parle pas aujourd’hui, c’est devenu un secret de polichinelle. Nous avons convenu d’un montant qui est de 60.000 FCFA. Mais, il faut pouvoir l’harmoniser, revoir les minimas de salaire au niveau des barèmes, des secteurs d’activités de telle sorte que sur les catégories les plus bases, on ne se retrouve pas en deçà du SMIG. En clair, le SMIG c’est pour les travailleurs qui n’ont aucune qualification. Si on revoit le SMIG, il faut également réviser le Salaire Minimum Agricole Garanti (SMAG). Bien entendu, les travailleurs, qui sont dans les plantations, espèrent aussi avoir mieux. Parce qu’à l’époque, ils avaient une partie de leur avantage en salaire et l’autre partie en nature. Aujourd’hui, la Commission Consultative du Travail est en train de discuter avec les employeurs pour boucler le dossier sur le SMIG. Un décret sera pris par le Président de la République pour l’application de ce SMIG. A la faveur de l’ouverture de la session de l’Assemblée nationale, nous estimons que nombre de dossiers seront traités.

L.P. : Quand en est-il du Code du Travail ?

J. E. : Le Code du Travail a été mis à plat. On n’en parlera pas aujourd’hui, parce que les acteurs sont d’accord pour se retrouver, à l’effet de mieux échanger sur la question. S’il y a des points de désaccord, ils seront transmis aux législateurs pour pouvoir être tranché.

L.P. : Une commission sur la cherté de la vie a été mise en place depuis 2008. Visiblement, cette commission ne travaille pas. Qu’en pensez-vous ?

J. E. : Vous avez raison de nous interpeller. A la vérité, cette Commission n’a pas fonctionné. Nous demandons qu’elle se mette au travail. Que les acteurs, qui l’animent, acceptent de revenir à la table des négociations pour poser les problèmes qui sont les nôtre. Car, la vie est toujours chère. Le panier de la ménagère a été transformé en sachet noir. Au-delà de la Commission sur la cherté de la vie, il y a une seconde commission relative au coût du carburant. Lorsqu’il a une réduction sur le prix du baril du pétrole, le coût baisse. Et lorsqu’il y a une hausse, le coût monte. Il est bon de réactiver toutes ces commissions pour pouvoir régler les problèmes des Ivoiriens. Pour ce qui est du carburant, il y a trop de taxes et TVA. Les taxes sont trop ! L’Ugtci a été pour beaucoup dans le règlement de la crise entre les transporteurs et le gouvernement. N’oubliez pas que les chauffeurs et transporteurs sont affiliés à notre centrale syndicale. C’est grâce à l’Ugtci que la bombe a été désamorcée. A l’analyse, on dit que le gouvernement a réduit le cout du carburant, or ce n’est pas exact. Ce sont plutôt les taxes qui ont baissé. Sur la cherté de la vie, il y a une obligation. Il faut aujourd’hui qu’on accepte le principe de réajustement des salaires, on ne peut pas faire autrement. Si à défaut on doit continuer à augmenter les prix et à les revoir à la baisse, il va falloir qu’il y ait une compensation. Si à la vérité, vous ne pouvez pas assurer votre transport, votre loyer, vous ne pouvez vous soigner, ce sera difficile de vous occuper de vos progénitures. Les jeunes diplômés qui ne travaillent pas sont nombreux. Si on ne peut pas de manière prioritaire leur trouver un emploi, il faut éviter que ce regroupement de jeunes crée une autre rébellion. Cette rébellion sera encore plus dure que celle qu’on a connue.

L.P. : Pourquoi ?

J. E. : Parce que ce sera une révolution en interne. Ils constatent que rien n’est fait pour eux. Et ils vont décider de prendre leurs responsabilités. Tous ceux qui sont dans leur bureau comprendront qu’ils vont les céder un matin. Même si d’aventure, les autres ne peuvent pas occuper leurs postes respectifs. Il faut véritablement penser à eux. Nous avons beaucoup de cadres ivoiriens bien formés, mais malheureusement, on n’arrive pas à leur trouver du travail. Que les politiques acceptent de nous sortir de cette impasse. C’est important. Ceux, qui ont eu la chance d’aller à l’extérieur, ont dû constater que des pays de la sous-région sont en chantier. Des experts en développement ont même noté que la Côte d’Ivoire est classée 63ème sur 188 pays

 

Anzoumana Cissé

 
 
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